Marche du 12.12

Discours de Jacques Dubochet
Accompagner Nikoko en prison

Excusez-moi, je me répète. Notre société court à toute vitesse vers le mur où elle est en train de se fracasser. Nous, ici, le savons tous, beaucoup trop bien. Ça ne va pas !

Mais la majorité de notre population ne veut pas le savoir. Elle vote encore plus à droite ; elle délaisse les femmes, elle achète encore plus de SUV. Sans doute pour se rassurer.

Ce n’est peut-être pas complètement la faute de nos concitoyens. La marche rétrograde est puissamment organisée par nos autorités qui s’engagent sans faiblesse pour que l’économie technofinancière ne soit pas malmenée. Ainsi, les moyens ne manquent pas pour sauver les banques ni pour investir des milliards dans les autoroutes. L’affaire est mondiale. Ce n’est sûrement pas les décisions que la COP a pris cette nuit qui vont nous sauver.

En comparaison, les efforts pour sauver la vie et le climat sont ridiculement pauvres. On aimerait en rire. Hélas, ce ridicule tue. La courbe des morts et des dégâts va croître. Ces dernières années, grâce au COVID en particulier, beaucoup de gens ont compris la signification du mot exponentielle. C’est cela qui nous attend. C’est l’horreur. Tout le monde le sait hormis quelques imbéciles bornés.

Alors, pourquoi ne fait-on rien ?

J’aimerais comprendre !

À mon avis les gens ont peur, les dirigeants d’autant plus.

Alors refait surface la vieille réaction de panique face à un danger que l’on ne maîtrise pas : on se renferme, on se protège, on en veut aux perturbateurs – les migrants par exemple -, les activistes du climat, bien sûr. On se donne beaucoup de peine pour punir sévèrement ceux qui dérangent parce qu’ils ont raison… mais attention, cela, il ne faut pas le dire.

On a proprement évacué la ZAD, on envoie le plus possible d’activistes en prison et on use et abuse des amendes qui ont le meilleur effet sur ceux qui n’ont pas d’argent.

Le système technofinancier en appel à l’ordre judiciaire, il lâche la bride à la police ; elle ne rechigne pas.

C’est la liberté qui casque !

Nikoko n’a rien fait de mal. On lui a collé une amende alors que lui n’a rien collé du tout.

Il a dit : Halte ! Je n’en ai rien à faire. La liberté n’est pas négociable. Ça suffit !

Dans notre bonne Suisse, c’est vrai, la Liberté est quand même une notion relativement bien établie. Elle ne disparaîtra pas d’un jour à l’autre. Par contre, elle se grignote. Les dégâts sont impressionnants. Je vois venir des temps plus sombres encore.

Nikoko, sans rien faire, tu t’es mis en travers d’un système liberticide.
Tu en payes le prix.

Nikoko, nous sommes là pour te dire merci !

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Discours d’Etienne Schaufelberger à la gare de Chavornay

Merci à vous tous d’avoir répondu à l’appel de freeNikoko.ch, l’appel de Renovate, l’appel des organisations, de toutes ces personnes qui soutiennent ce que représente Nikoko.

Plus de 1’000 personnes ont déjà signé l’appel sur le site, ce n’est que le début !
Et vous voir, un mardi matin pluvieux, dans la plaine de l’Orbe, plus de cent personnes c’est incroyable !

En 1936, au début de la guerre d’Espagne, face aux « Viva la muerte » des franquistes, Miguel de Unamuno répondait : « Il y a des circonstances où se taire est mentir. »

Il n’y a plus besoin de fusils pour nous faire taire.
Une poignée de pétrodollars suffisent à faire capoter une COP.
L’argent du pétrole contre l’avenir du monde.
« Viva la muerte »

Le Conseil d’Etat vaudois vient de diminuer de moitié les taxes sur les SUV.
« Viva la muerte »

Notre justice vaudoise condamne Nikoko à deux mois ferme.
Deux mois ferme pour avoir apporté les lumières du GIEC au Château.
« Viva la muerte »

Nikoko, lui, ne se tait pas.

Il demande à nos autorités d’écouter les scientifiques. D’agir en conséquence.
De préférer la réalité de notre monde aux mensonges de l’argent.

Nos autorités veulent le bâillonner. Lui coller une amende. Le menacer de prison.

Nikoko, lui, ne se tait pas.

Il a ce courage, simple, fort, déterminé.

Ce courage d’exposer sur la place publique cette réalité : on va en prison quand on apporte le rapport du GIEC à nos autorités.

Quand on fait un acte qui relève de ce que la CEDH appelle la liberté d’expression.

Quand on ne se tait pas face aux « Viva la muerte »

« Il y a des circonstances où se taire est mentir » disait Miguel de Unamuno.
« car le silence peut être interprété comme un acquiescement. »

Et nous ? Qu’allons nous faire ?

Nous taire ?

Est-ce qu’on va se taire ?

Merci Nikoko, de renforcer en nous, en chacun de nous, ce courage d’avancer.

Cette joie d’avancer.

Viva la vida !